Le mot Vodoun désigne ce qui est mystérieux pour tous, indépendamment du moment et du lieu, donc ce qui relève du divin. On dira par exemple, que celui qui meurt devient Vodoun ; cela ne signifie nullement que tout le monde l'adorera, mais qu'il est parti vers un monde inconnu et sans aucun doute divin. Plus loin, nous pourront dire que toute manifestation d'une force qu'on ne peut définir, tout phénomène dépassant les limites de l'imagination et de l'intelligence est Vodoun et par là réclame un certain culte.

Mais le phénomène Vodoun n'est pas seulement caractérisé par ce qui est mystérieux, mais traduit aussi une tentative de domestication, de domination par l'homme, de ce mystérieux décelé et reconnu, il s'agit de capter ces forces, ces puissance supra-humaines prises pour surnaturelles, au profil de l'homme. Dans le phénomène Vodoun, on voit à l'oeuvre, d'une manière toute particulière et originale, l'éternel projet prométhéen de l'homme qui est de s'assurer la maîtrise du monde et de la vie en dominant les phénomènes de la nature, en captant en faveur de soi les puissances bénéfiques du cosmos, et en se conciliant les maléfiques. Ainsi, par le culte de Hêviosso, on pense apaiser le tonnerre et s'attirer ses faveurs. En adorant Sakpata, on croit de cette manière non seulement calmer ce redoutable Vodoun, mais encore bénéficier de sa protection.

Le Vodoun est en réalité, un pur symbole des valeurs Africaines fondamentales qui sont le respect de la nature et de la vie, le sens aigu de la communauté et des forces transcendantes, l'égalité par essence de tous les hommes, la convivialité, l'amour, la symbiose constante entre les énergies cosmiques, les hiérarchies sociopolitiques, de la société globale et l'individu.

En effet, le culte du Vodoun structure la conscience des vodounsi; ils reçoivent une formation morale pendant leur séjour dans le couvent (Hounkpa). 

Les prêtres du Vodoun sont habituellement appelés en langue Fon des Vodounon. Une traduction littérale du vodounon  signifie mère du Vodoun. Or cela a plutôt le sens de maitre du Vodoun. En langue mina on dit Hounnon. 

Les prêtres du Vodoun ont la maîtrise des cultes, et savent intercéder auprès du Vodoun pour les initiés et les non initiés. Ils ont aussi la lourde responsabilité de pérenniser les cultes Vodoun, à travers le recrutement de nouveaux initiés. On ajoute généralement un suffixe "non" au vodoun d'appartenance pour composer les noms des prêtres. Ainsi on parlera de Xunon (prêtre de Xu), Sonon  (prêtre de So, une divinité fille de Hêbiosso), Lissanon (prêtre de Lissa), etc...

Les adeptes du vodoun sont communément appelés vodounsi  en langue fon  ou Hounsi en mina. D'une manière analogue, on ajoute le suffixe "si" au vodoun d'appartenance pour les désigner de façon générique. Par exemple, nous avons : Sossi (adepte de So), Lissassi (adepte de Lissa), Xussi (adepte de Xu), etc... C'est donc entre ces deux catégories (vodounon  et vodounsi ) que se rythment la vie au couvent, et les manifestations publiques pour la gloire du Vodoun.

L'initiation au vodoun dans les couvents consiste en un transfert de connaissance relatives au Vodoun, une formation de l'adepte pour la pérennité du culte et de la tradition.

Avant les première écoles classiques, une partie de l'éducation se déroulait sous forme d'initiation dans les  couvents. L'initié qui sortait, était d'une manière ou d'une autre, plus instruit que ses pairs qui ne l'étaient pas. Dans les couvents, le programme d'apprentissage est souvent dense et comprend deux parties: un tronc commun, et une spécialisation.

Au stade du tronc commun, se déroulent :

• l'apprentissage de la langue, une langue spéciale différente de celle de la communauté ;

• des rituels et comportement sociaux ;

• la musicologie, les chants et danses;

• l'esthétique et l'art

• la maîtrise de soi;

• l'histoire de la communauté.

Après ce tronc commun d'initiation par une pédagogie rude, certains sont orientés pour une spécialisation. Le choix sélectif est rigoureux et fondé sur les performances et prédispositions. Parfois, on consulte le "fâ" pour aider à orienter les apprenants.

En spécialisation, les adeptes sont orientés vers:

• la maîtrise du culte (théologiens du vodoun);

• la vocation d'enseignants ;

• la spécialité d'accoucheurs/accoucheuses ;

• le métier de guérisseurs/tradithérapeutes;

• les fonctions de géomanciens ou voyants (bokonon).

Un couvent est un laboratoire où l'on cherche à résoudre les problèmes de la vie et où l'on interprète les événements significatifs. Cela explique la place des incantations ou des chants rituels qui rappellent en codes, les recettes et  divinatoires. Parfois, dans les couvents on fait appel à d'autres cadres des autres communauté pour des prestations de service.

Si les rituels ont un fond culturel commun, il faut reconnaître que leur appellation varie d'un clan à un autre, d'une langue à une autre. Pour les vodoun en général, le couvent le plus puissant est celui de Sakpata, car il dispose de plusieurs loges.

L'initiation Vodoun possède un double aspect:

• un aspect exotérique, constitué de croyances et légendes, accessibles aux populations, c'est donc la partie visible du monde vodoun ;

• un aspect ésotérique, ce cercle est destiné aux initiés, ceux-là qui ont atteint la maturité nécessaire  à la réalisation de Dieu en soi. C'est la partie invisible, mais la plus majestueuse.

Le Vodoun se présente donc comme un iceberg. Dans ce contexte, l'initiation Vodoun compte plusieurs étapes dont la purification, l'enseignement, l'adoration, etc. Mais la phase la plus importante est celle du passage par la "mort" qui demeure la phase la plus essentielle de l'initiation Vodoun.